LA VALORISATION DES EFFLUENTS VINICOLES

9 septembre 11:09

En cette période de vendange, une quantité importante d’effluents vinicoles est produite par les caves et chais (50 à 60 % de la production annuelle).

Ces effluents résultent des différentes opérations de lavage générées par l’activité vinicole : lavage du matériel de la récolte à la mise en bouteille, lavage des sols du chai, etc..

La valorisation des effluents vinicoles par épandage est le moyen de traitement le plus répandu en France. Simple à mettre en œuvre, peu coûteuse, cette pratique adoptée par de nombreux viticulteurs est encadrée par plusieurs textes réglementaires dont certains sont récents.

 

Traitement de la charge organique par le système sol-plante

L’épandage consiste à épandre les effluents sur des surfaces cultivées, et sous condition de respect de certaines règles. Leur traitement par épandage agricole repose notamment sur la capacité épuratoire du système « sol – micro organismes – plantes », qui assure la filtration des matières en suspension (MES), la fixation puis la minéralisation des matières organiques et l’utilisation par les plantes des éléments minéraux libérés. L’exportation en dehors du terrain des éléments nutritifs (azote, phosphore, potassium) est assurée par la récolte de la culture.

 

Valeur fertilisante des effluents vinicoles

L’intérêt nutritif des effluents vinicoles est loin d’être négligeable, notamment par les quantités de potasse et d’azote susceptibles d’être apportées. Néanmoins, il est difficile de donner une valeur fertilisante moyenne de ces effluents, qui se caractérisent par la variabilité de leur composition selon l’époque de l’année et les types de vinification.

Valeur fertilisante des effluents vinicoles :

Pour connaitre la composition de ses effluents, il est donc préconisé de réaliser chaque année une analyse d’un échantillon représentatif issu de la zone de stockage avant épandage.

Epandage réglementaire

Pour les chais de plus de 20000 hl, il est nécessaire de se faire accompagner par un bureau d’étude spécialisé. Pour les structures produisant moins de 20000 hl/an, épandre ses effluents nécessite quand même préalablement la réalisation d’une étude de faisabilité montrant l’innocuité et l’intérêt agronomique de l’effluent. Ce dernier point est fondamental. De plus, un document décrivant l’exploitation, l’origine et la qualité des effluents, les parcelles destinées à l’épandage ainsi que les modalités d’épandage doit être élaboré avant tout épandage. Il s’agit du plan d’épandage.

Raisonner l’épandage des effluents passe également par l’estimation de la capacité d’absorption maximale du sol afin d’éviter tout ruissellement ou percolation trop rapide dans le profil du sol. Pour se faire, on détermine la réserve en eau facilement utilisable du sol (RFU), qui peut être estimée à partir d’une simple analyse granulométrique (lien vers la fiche wiki Texture du sol). Exprimée en mm/m de sol, elle permet de calculer le volume maximal d’effluent épandable par ha, selon l’exemple ci-dessous pour un sol de 55 mm/m de RFU.

Réglementairement, quelle que soit la capacité d’absorption réelle du sol, pour les chais de moins de moins de 20000 hl/an, le volume maximum d’effluent ne pourra excéder 300 m3/ha. Il est généralement apporté est deux passages de 10 à 20 mm/ha.
Pour les chais les chais de plus de 20000 hl/an soumis à enregistrement, l’arrêté ministériel du 26 novembre 2012 indique dans son article 43 (page 21) que l’épandage des déchets, effluents est autorisé si les limites suivantes sont respectées :
• azote total inférieure à 10 t/an ; et
• volume annuel inférieur à 500 000 m3/an ; et
• DBO5 inférieur à 5 t/an.

 

Quantités d’éléments nutritifs apportés

Outre la capacité d’absorption du sol, il est impératif que la dose d’apport n’entraine pas un dépassement des besoins annuels des cultures pratiquées sur les parcelles épandues.
Prenons le cas de l’épandage d’effluents vinicoles en période de vendange. Voici un résumé des quantités d’éléments nutritifs (en unités/ha) apportées en fonction des volumes épandus à l’hectare.

A noter que le potassium contenu dans les effluents vinicoles est totalement disponible pour l’alimentation des cultures. L’azote quant à lui se présente majoritairement sous des formes facilement disponibles (azote organique facilement minéralisable). Il conviendra de prendre en compte cet azote dans le raisonnement de la fertilisation des cultures et dans le bilan des apports, notamment si la parcelle d’épandage se situe en zone vulnérable. Des analyses de sol permettront non seulement d’apprécier la capacité des sols à retenir les éléments fertilisants mais aussi de contrôler les éventuels phénomènes d’accumulation.

Si l’intérêt nutritif des effluents vinicole est réel, il est nécessaire de s’assurer que leur pH ne soit pas trop acide. Pour un pH inférieur à 5.5, l’étude préalable à l’épandage doit montrer l’aptitude des sols à recevoir des effluents acides. Il est également important de contrôler que l’effluent ne présente pas une conductivité excessive, notamment s’il est destiné à être épandu sur des cultures en place sensibles à la salinité.

L’analyse régulière de la qualité des effluents vinicoles est le meilleur moyen de s’assurer d’une valorisation optimale de la valeur nutritive du déchet en toute conformité avec la réglementation existante. AUREA dispose de kits de prélèvements et de conditionnement d’échantillons prêt à l’emploi pour la réalisation de vos analyses. N’hésitez pas à nous contacter !

Article coordonné par : Christophe Lechevallier – Référent technique Eaux et Effluents industriels (Auréa AgroSciences)

 

 

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