Valeurs fertilisantes des produits organiques

30 janvier 10:01

En plus de leur action physique ou « organo-biologique » sur le sol, les produits organiques amènent des éléments fertilisants, parfois en quantité significative. Il faut en tenir compte pour raisonner un plan de fumure, et cela nécessite de connaître la valeur fertilisante des produits organiques épandus.  On utilise pour cela la composition minérale de ces produits et des coefficients d’équivalence engrais minéral (Keq) qui expriment l’efficacité d’un engrais organique par rapport à un engrais minéral de référence tel que l’ammonitrate ou le superphosphate.

Le Keq est d’autant plus élevé que le PRO (Produit Résiduaire Organique) contient de l’azote minéral et de l’azote organique rapidement minéralisable. Il varie aussi selon la culture réceptrice, la période d’apport, et s’il est enfoui ou non. Il faut multiplier la dose totale d’élément fertilisant apportée par le cœfficient d’équivalence engrais minéral pour obtenir la fourniture réelle en éléments fertilisants.

Le potassium des PRO se trouve dans les urines et les litières. Sa solubilité est identique à celle des engrais potassiques donc rapidement et en totalité disponible pour les cultures.

Le phosphore des PRO est majoritairement sous des formes minérales plus ou moins solubles, mais aussi sous des formes organiques très variées (phospholipides, phytates…). Ces formes doivent être minéralisées pour que le phosphore puisse être utilisé par les plantes. La disponibilité à court terme du phosphore des PRO est au moins égale à 50 % de celle du superphosphate. A long terme, la disponibilité du phosphore serait identique ou supérieure à celle des minéraux solubles.

La mise à disposition de l’azote des PRO est beaucoup plus variable (selon la part d’azote minéral, les formes d’azote organique…). La part d’azote minéral se présente le plus souvent sous forme ammoniacale et est immédiatement disponible pour les plantes.

 

Quant à l’azote organique, il doit être au préalable minéralisé en deux phases :

  • phase de minéralisation rapide au cours de 12 mois suivant l’apport, en lien avec une fraction organique plus facilement dégradable par l’activité biologique du sol,
  • phase de minéralisation plus lente, avec une vitesse du même ordre de grandeur que celle de la matière organique du sol.

 

L’effet azote du PRO sur la culture réceptrice est lié à la fraction d’azote minéral qu’il contient, et à la part de l’azote organique minéralisée rapidement, selon la nature des PRO :

  • type fientes , fumiers de volailles, vinasses : minéralisation rapide avec plus de 30 à 80 % de l’azote organique apporté minéralisé au cours des premiers mois ou des premières semaines. A apporter, donc peu de temps avant les périodes d’absorption des cultures.
  •  type fumiers de bovins : rythme de minéralisation intermédiaire. Entre 20 et 40 % de l’azote organique apporté se minéralise progressivement au cours de la campagne suivant l’apport. Pour les fumiers frais, il est possible d’observer une phase d’immobilisation de l’azote du sol juste après l’apport, avant d’observer cette fourniture d’azote.
  •  type composts de déchets verts, fumiers de bovins après une phase de maturation longue (> 12 mois) : minéralisation très lente avec seulement 10 à 15 % de l’azote organique libéré au cours de la première année. Il s’agit plus là d’amendements que de fertilisants azotés.

 

Le Réseau Mixte Technologique (RMT) « élevages et environnement » a mis à jour en 2019 les valeurs moyennes de composition des principaux produits résiduaires organiques (PRO) utilisés en agriculture avec de nouvelles références sur la composition des effluents d’élevage de porcs, bovins, ovins, caprins, volailles et lapins.
De nouveaux paramètres sont renseignés comme le potentiel méthanogène des PRO, les teneurs en soufre ainsi que les teneurs en oligo-éléments.

Composition moyenne nationale des principaux fertilisants organiques

Source : ARVALIS, IFIP, IDELE, ITAVI 2019

Le RMT « élevages et environnement propose également, en accès libre sur son site des fiches sur l’utilisation des produits organiques et des fiches « produits » : http://www.rmtelevagesenvironnement.org/
Les références proposées sont des moyennes nationales basées parfois sur un nombre assez limité d’échantillon pour des produits dont la composition est souvent très variable. Pour être plus précis dans sa fertilisation, il est conseillé de réaliser des analyses de ses effluents. Elles seront effectuées le plus proche possible de leur date d’épandage pour bien appréhender les éventuelles transformations au stockage, en particulier pour les formes azotées . Le graphique ci-dessous illustre la variabilité des teneurs individuelles pour différents PRO où l’on voit, par exemple, la forte variabilité de la composition minérale du fumier et des lisiers par rapport aux deux autres produits testés.

 

Teneur en minéraux (N + P2O5 + K2O) g/kg MB

 

Source : ML Guillotin (AUREA), L. Jordan Meille (ENITA 33) ; caractérisation agronomique de produits organiques à partir d’une base de données d’un laboratoire d’analyse ; 8ème journée de la fertilisation raisonnée GEMAS COMIFER 2007

Les apports de PROs participent à la fertilisation des cultures. Si leur contribution à la nutrition azotée des cultures n’est généralement pas à la hauteur des besoins de l’année et doit être complétée par une fertilisation minérale, l’apport de phosphore et de potassium peut être très intéressant voir suffisant.
Enfin l’apport régulier de ces produits est un des leviers important de la gestion du carbone dans les sols et du soutien de leur bonne santé biologique.
Pour gérer les flux de nutriments, d’éléments minéraux et de carbone apportés par les PROs, vérifiez que vous disposez de l’analyse des produits avant leur utilisation.

Pour plus d’informations : contact@aurea.eu

(*) Agréé le 14 décembre 2007, le Réseau Mixte Technologique (RMT) « élevages et environnement » a fonctionné 11 années avec comme objectif de proposer des outils et des références pour l’évaluation, la maîtrise et la valorisation des impacts des élevages sur l’environnement. Le réseau, porté par l’IFIP, réunissait comme partenaires : la recherche (INRA, CIRAD et IRSTEA), des instituts techniques animaux (Institut de l’Élevage, IFIP, ITAVI) et végétaux (Arvalis Institut du Végétal, Terres Inovia), deux chambres d’agriculture régionales de Bretagne et des Pays de la Loire, et des organismes impliqués dans l’enseignement (Agrocampus Ouest, l’ESA d’Angers le CREPA – Centre régional des établissements publics agricoles, et le LEGTA de Lozère).

Mot(s) clé(s) : azote organique, composts de déchets verts, fertilisants organiques, nutrition azotée des cultures, plan de fumure, Produit Résiduaire Organique, produits organiques, Réseau Mixte Technologique, Valeurs fertilisantes,