La matière organique du sol

La matière organique est au cœur de la fertilité du sol. Elle est constituée de l’ensemble des composés organiques vivants ou morts, d’origine végétale, animale ou microbienne. Si elle est souvent appréhendée de manière globale par le dosage du carbone organique (la matière organique est composée à plus de 50% de carbone) et de l’azote total, en réalité c’est un compartiment hétérogène et dynamique, on peut parler de matières organiques. Nous allons ici présenter les différentes fractions de la matière organique et leurs intérêts agronomiques.

Nous pouvons tout d’abord séparer la fraction vivante de la fraction dite morte.

La fraction vivante est constituée des racines des cultures et de tous les organismes vivants du sol, depuis la macrofaune (ex : vers de terre, carabes) jusqu’aux microorganismes (ex : bactéries, champignons) en passant par la mésofaune (ex : collemboles) et microfaune (ex : nématodes).

Les organismes vivants sont le moteur de nombreux processus essentiels au fonctionnement d’un sol agricole (ex : structuration du sol, fourniture d’éléments nutritifs, régulation des pathogènes).

Au sein de la fraction organique dite morte nous pouvons également distinguer différentes matières organiques selon leur degré d’évolution et leur temps de résidence dans le sol :

• les matières organiques dîtes « fraiches » (ex : résidus de culture, effluents),
• les matières organiques intermédiaires (produits transitoires en cours de décomposition, minéralisation et stabilisation),
• les matières organiques stables (très évoluées, fortement liées aux particules d’argile). C’est un continuum de biodégradation, on parle de dynamique des matières organiques.

Les matières organiques stables prédominent quantitativement (voir figure). Avec un temps de résidence très long (plusieurs décennies) elles jouent un rôle de fond sur les propriétés physiques du sol (stabilité de la structure et réserve en eau) et sur la réserve en éléments nutritifs à travers la formation du complexe argilo-humique.

Les matières organiques fraiches et intermédiaires, avec des temps de résidence de l’année à la décennie, apportent un flux d’énergie et nutriments rapidement disponibles pour la croissance des organismes vivants qui par leur activité permettent la formation d’éléments nutritifs pour les cultures.

Au sein du laboratoire AUREA nous proposons (ex : biomasse microbienne, fractionnement granulométrique de la matière organique) et développons (ex : diversité bactérienne et fongique, dénombrement et identification des vers de terre) diverses analyses permettant d’adresser ces différents compartiments organiques.

Cédric Le Guillou
Responsable Technique en Gestion Agroécologique des Sols