PROJET OPTIFAZ – RETOUR SUR LE WEBINAIRE

RETOUR SUR LE WEBINAIRE « LES DERNIERES AVANCEES DE LA RECHERCHE SUR LA FERTILISATION ORGANIQUE EN HORS-SOL (PROJET OPTIFAZ) »

Le projet OPTIFAZ (2018-2021) vise à optimiser la fertilisation azotée organique dans les supports de culture. L’objectif de ce projet est de développer des Outils d’Aide à la Décision (OAD) afin d’accompagner les fabricants, les techniciens et les producteurs dans leurs pratiques de gestion de la fertilisation organique en conditions hors-sol.

Les OAD peuvent se baser sur la prédiction de la minéralisation de l’azote organique à partir des conditions de terrain. Cela implique de connaître l’impact des différents facteurs comme le climat. Le processus de minéralisation de l’azote organique dans les supports de culture est complexe et a été très peu caractérisé. Au contraire, il existe de nombreux travaux réalisés en situation de pleine terre définissant des lois d’action de la température et de l’humidité sur le processus de minéralisation de l’azote. Les supports de culture étant des milieux biologiquement peu actifs avec des paramètres physico-chimiques spécifiques, il convient de se demander si ces lois d’action peuvent être transposées aux milieux hors-sol.

Des essais ont été menés sur 4 substrats (2 substrats « ornement » et 2 substrats « maraîchage », hétérogènes dans leur structure et composition en tourbe) et 2 engrais organiques (profil lent et profil rapide). Des analyses en laboratoires ont alors permis de caractériser ces différents substrats et engrais (caractérisation physico-chimique et activité biologique) et d’analyser les cinétiques de minéralisation en conditions contrôlées (incubations) pour chaque couple engrais-substrat ou substrat seul, à différentes températures (4°C, 10°C, 20°C, 28°C et 40°C) et humidités (pF 1.3, 1.5, 2 et 2.5). En parallèle, des suivis analytiques en stations horticoles et maraichères ont été menés : tests de mise en culture, et suivi de l’azote et de l’humidité.

Les premiers résultats de ce projet ont été présentés lors d’un webinaire organisé le vendredi 2 avril de 10h à 12h, découpé en 4 sessions :

Session 1 :

Les effets de la température et de l’humidité sur la minéralisation de l’azote – Matthieu Valé (AUREA AGROSCIENCES) et Célia Dayraud (CIVAM bio)
Les suivis réalisés en stations expérimentales montrent que la température dans les substrats peut varier très fortement (de 0°C à 40°C), et de façon très rapide (plus de 10°C en quelques jours). Contrairement à ce qui pouvait être attendu, les deux engrais sélectionnés dans le projet ne présentent pas de profil de minéralisation de l’azote très différent. Par contre, les 4 substrats testés montrent, quant-à-eux, de très grandes différences, avec notamment une minéralisation significativement plus faible pour le substrat pépinière plus grossier. Concernant l’humidité, son effet sur la minéralisation de l’azote organique dépend du substrat. Néanmoins, une tendance à une minéralisation plus faible en conditions humides a été observée, contrairement aux références en pleine terre. L’effet de la température est par contre plus constant avec une minéralisation plus faible et une accumulation d’azote ammoniacal pour des températures très basses ou très hautes.

Session 2 :

Implication des microorganismes dans la minéralisation de l’azote – Mohammed Benbrahim (RITTMO)

L’activité des bactéries ammonitrifiantes (AmoA), bactéries transformant l’ammonium en nitrate (nitrification), a été mesurée sur des échantillons du dispositif d’incubation par des outils de biologie moléculaire. Les premiers résultats montrent que, comme dans les sols, les bactéries ammonitrifiantes paraissent très sensibles à la température : les fortes températures induisent une perte des AmoA. Elles paraissent cependant moyennement sensibles à l’humidité, avec des différences entre les substrats. Par la suite, afin d’intégrer l’approche microbiologique dans les outils d’aide à la décision, une réflexion sur la prise en compte de ces résultats dans les modèles de minéralisation devra être menée.

Session 3 :

Prédiction de la minéralisation de l’azote des engrais organiques – Patrice Cannavo (AGROCAMPUS OUEST)

Les travaux de modélisation de la minéralisation de l’azote organique menés à partir des données acquises en incubation ont permis de sélectionner deux modèles de minéralisation satisfaisants : un modèle de régression multivarié et un concept de modélisation sur les cinétiques du premier ordre. Pour le moment, seul l’effet de la température est pris en compte dans les modèles. En effet, les substrats ne réagissant pas de la même manière à l’humidité, un travail supplémentaire sera nécessaire pour intégrer l’effet de l’humidité, mais aussi les interactions fortes entre la température et l’humidité. À court terme, les deux modèles sélectionnés seront validés sur des jeux de données obtenues en conditions in situ dans les stations expérimentales partenaires du projet. Les résultats devront également être validés sur de plus nombreux couples substrat/engrais.

Session 4 :

Piloter la fertilisation de ses cultures au quotidien – Oscar STAPEL (ASTREDHOR)

Différents outils permettant de suivre l’état nutritif du substrat ou de la plante pendant la conduite des cultures ont été présentés. Il a alors été conclu que les analyses de teneur en azote du substrat (Nitrachek® et RQ Flex®) sont de bons outils de décision présentant des résultats fiables, mais qui peuvent être compliqués à utiliser. Au contraire, les pinces à chlorophylles (MC100, N-Tester et SPAD+) sont très faciles et rapides à utiliser, mais peuvent présenter des mesures assez variables. Il paraît alors intéressant de combiner plusieurs outils puisqu’ils permettent d’obtenir des informations complémentaires. Cependant, tous ces outils restent assez coûteux.

En conclusion, les résultats de ce projet innovant sur la fertilisation organique en culture hors-sol, regroupant près de 20 partenaires, permettront de répondre aux différents besoins et enjeux identifiés par l’ensemble des acteurs de la filière (fabricants, techniciens et producteurs).

Pour en savoir plus, le webinaire est disponible ici :